Le jour où j’ai appris que j’étais juif au Théâtre du petit Montparnasse

Le jour où j’ai appris que j’étais juif au Théâtre du petit Montparnasse, jusqu’au 23 décembre. De et Par Jean-François Derec, mise en scène de Georges Lavaudant.

 

Jean-François Derec joue l’adaptation de son roman et retrouve son vieux complice, Georges Lavaudant qui le met en scène, après avoir débuté avec lui, à Grenoble, dans un trio de clowns. C’est à Grenoble, où il a grandi que Jean-François Derec va découvrir avec consternation, sa judéité. Il a 10 ans, Christine 11 et cette dernière lui propose de lui montrer ses seins si, en échange, il baisse son pantalon. Trop timide, Jean-François décline la proposition ( ce qu’il regrettera par la suite ) et s’entend dire :  » Je sais pourquoi tu ne veux pas me le montrer, parce que tu es juif et que tu as le zizi coupé en deux ! « . Sidéré par cette révélation, le jeune Jean-François décide alors de se lancer dans une quête aussi réjouissante qu’émouvante. Il se demande si sa mère est au courant qu’elle a mis au monde un enfant juif. Serait-il un monstre ? D’autant plus que Derec, cela sonne plutôt breton.

 

Être « komifo »

 

Jean-François Derec nous replonge dans la France des années 60, et plus précisément à Grenoble où ses parents, des survivants juifs polonais ont tout fait pour être plus Français que des Français, pour être « komifo ». Pour ce faire, ils ont voulu dissimuler leur identité juive à leur descendance, malgré l’accent yiddish de la mère dont Jean-François s’amuse avec tendresse.

 » Le devoir de mémoire, c’était plutôt le trou de mémoire pour ma mère ». désireuse avant tout, de protéger ses enfants. Etre juif, a déjà coûté la vie à tant d’êtres en Pologne qu’ils vont jusqu’à couper en deux, aussi leur nom : Dereczynski pour ne conserver que la première moitié : Derec.

Le petit Derec ira donc au catéchisme mais préférera appeler le prêtre , Mon Oncle plutôt que Mon Père, parce qu’un père, il en avait déjà un.

 

Un parcours initiatique

 

Jean-François Derec nous raconte son enfance à l’ombre de la grande histoire avec finesse et délicatesse, gravité et humour. Il possède un joli sens de la formule dans la découverte tardive de sa religion juive.

 » Mes parents sont comme les grottes de Lascaux, pleines de souvenirs mais interdites au public  » 

Sans vindicte et sans moralisme, il fait preuve de beaucoup de subtilité et d’élégance, jamais il ne verse dans la facilité. L’autodérision dont  fait preuve Jean-François Derec montre encore mieux l’absurdité de l’antisémitisme avec tous ses poncifs.

C’est en cherchant dans les souvenirs de ses parents qu’il découvrira quelques photos et documents qui lui feront comprendre que toute la famille: grand-parents, oncles, tantes, cousins, cousines ont été les victimes de cette guerre qui les a décimés. Ses parents en fuyant la Pologne, ont ainsi réussi à sauver leur petite famille.

 » Pour mon arbre généalogique un bonsaï suffit « 

On est touché jusqu’aux larmes lorsque Jean-François Derec regrette de n’avoir pu réaliser son rêve : posséder une grande famille avec des cousines à couettes.

 

Il faut aller voir Jean-François Derec, seul en scène, sans artifices, dans une mise en scène très sobre, il questionne, et se place à hauteur d’homme. Il fait rire et émeut.

 

JEAN-FRANCOIS DEREC, DRÔLE ET AUTHENTIQUE

 

Le jour où j’ai appris que j’étais juif au Théâtre du petit Montparnasse, jusqu’au 23 décembre. De et Par Jean-François Derec, mise en scène de Georges Lavaudant.