Le Malade Imaginaire avec Daniel Auteuil

Le Malade Imaginaire avec Daniel Auteuil au Théâtre de Paris

 

A la 4ème représentation du Malade Imaginaire, Le 17 février 1673, à 51 ans, mourut Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière qui en interprétait le rôle titre. Après avoir été pris de convulsions sur scène, il s’éteignit dans la soirée. Cette pièce fut donc la dernière pièce de Molière.

Après avoir incarné Scapin qui courait sur les toits de Naples, dans la cour d’honneur du Palais des Papes ,en 1993 puis Arnolphe dans l’Ecole des Femmes, en 2008, sous la direction de Jean-Pierre Vincent, Daniel Auteuil interprète le plus grand hypocondriaque de théâtre, Argan et s’empare de la mise en scène.

 

Un parti pris pour la farce

 

Sans jamais basculer dans la caricature ou l’excès, Daniel Auteuil incarne un Argan cocasse, très drôle, comme en témoignent les rires dans la salle. Emmitouflé dans une robe de chambre aux tons chauds, bonnet de fourrure sur la tête, engoncé dans son fauteuil, Argan compte en espèces sonnantes et trébuchantes tout comme le faisait Harpagon, ce que lui coûtent ses nombreux lavements, et traitements divers. A la différence que pour Argan, il n’est pas question de réduire les dépenses quand il s’agit de sa santé. En effet, les maux imaginaires dont souffrent Argan en font un être égoïste, un sale gosse qui fait tout tourner autour de lui. Seule compte la santé d’Argan au point qu’il est décidé à marier sa fille Angélique au fils de son médecin car celui-là suit les traces de son médecin de père. Peu importe qu’elle aime Cléante, c’est Thomas Diafoirus qui lui sera utile à lui. Argan croit souffrir et les médecins savent tirer profit de cette fragilité et de sa grande naïveté. Tout comme Bélise, sa seconde épouse vénale qui attend impatiemment la mort de son vieux mari.

Comme toujours chez Molière, le bon sens est incarné par les serviteurs. Ici, il s’agit de Toinette qui elle, ne s’en laisse pas compter. Son effronterie mais aussi sa générosité et ses manigances lui permettront de ramener son maître à la raison.

 

Une mise en scène où chacun est mis en valeur

 

S’il n’y a pas vraiment de surprise dans le choix de mise en scène, voire de trouvailles scéniques, le jeu de Daniel Auteuil sait emporter le public. Ses regards, ses mimiques sont irrésistibles. Si Argan est un être avant tout centré sur lui-même, le comédien parvient à le rendre attachant en en faisant un être naïf.

De plus, il sait mettre chacun en valeur, depuis la petite Louison à qui est confiée une belle scène d’entrée, en passant par Toinette, interprétée par sa fille, Aurore Auteuil qui campe une servante pleine de vivacité et de finesse, Béline, l’épouse, mielleuse à souhait, les médecins éclatant de suffisance et de bêtise quant à Angélique et Cléante, ils sont drôles et émouvants lorsque Cléante fait sa déclaration d’amour sur l’air de « Space Odity » de David Bowie.

La scénographie de Jean Paul Chambaz est très réussie avec cette vaste et haute pièce aux couleurs orangées. Les costumes signés Charlotte Bataillote sont magnifiques.

Les quelques libertés avec la fin de la pièce sont également du meilleur effet. Un épilogue burlesque et expressionniste avec des masques pour l’intronisation d’Argan dans  » l’ordre » des médecins où des masques évoquent plus les maladies que les médecins.

 

UN BEAU SPECTACLE QUI NOUS PLONGE DANS LA COMEDIE ET LA FARCE. PARI REUSSI COMME EN TEMOIGNE LE RIRE DE LA SALLE !

 

Le Malade Imaginaire avec Daniel Auteuil au Théâtre de Paris