JUSQUE DANS VOS BRAS, à la MC 93

JUSQUE DANS VOS BRAS  De la Compagnie Les Chiens de Navarre, à la Maison de la Culture de Bobigny, Mise en scène de Jean-Christophe Meurisse , jusqu’au 29 avril.

 

Depuis sa naissance, en 2005, ce collectif créé par Jean-Christophe Meurisse explore une veine satirique débridée. La compagnie a trouvé sa marque de fabrique dans la déconstruction par le rire d’institutions ou de réalités contemporaines comme le couple, l’entreprise ou les médias.

Dans ce spectacle, ils se livrent à ,une satire féroce et désopilante de la France contemporaine. D’ emblée l’outrage et l’irrévérence sont au programme. Nos certitudes et autres petits mensonges sont mis à mal, en soulignant la différence entre l’image idéalisée que la société voudrait projeter d’elle-même et la réalité qui est tout autre.avec des problèmes sur lesquels on préfère, en général, fermer les yeux.

« Nous avons eu une envie folle de psychanalyser la France, comme s’il fallait comprendre pourquoi il y a tant de fragilité, tant de crispation vis à vis de notre identité… Nous voulons interroger l’histoire, les figures qui ont construit la république et la France ».

 

UN SPECTACLE MORDANT SUR L’IDENTITE NATIONALE

 

En une succession de scènes hilarantes, clownesques, la troupe fait un sort au repli sur soi et aux tendances racistes qui mènent la France contemporaine. Ainsi, des funérailles nationales virent au pugilat, un pique-nique entre amis « libère la parole », et évoque le racisme qui ne dit pas son nom  » . Vous avez fait un bon voyage ?  » demande ce couple de bobos disposé à accueillir, dans son appartement, des Africains ayant risqué leur vie pour venir en Europe. Les bons sentiments et la mauvaise conscience sont passés à la moulinette d’un humour ravageur. De Gaulle apparaît en géant ahuri, et algérien aux côtés de Marie-Antoinette sensible à cette rencontre. Jeanne d’ Arc, Jaja pour la circonstance est là, toute fumante, Obélix est dépressif   » Je taille des cailloux en forme de phallus ». Sans oublier l’entretien avec un Congolais dans les bureaux de l’OFPRA ( office français de protection des réfugiés et apatrides) qui tourne à la farce grotesque.

 

CIBLER PAR LE RIRE LES ROUAGES ABSURDES OU IMMONDES DE NOTRE SOCIETE

 

La question de l’identité est posée avec beaucoup d’inventivité, d’esprit et de dérision. On rit beaucoup de tous ces accommodements et de toutes nos lâchetés. D’ailleurs, dans la scène de sauvetage d’un canot de fortune avec, à son bord, des migrants, les spectateurs sont sollicités, et certains viendront sur scène, sous l’oeil goguenard de requins sortis tout droit d’un film de Disney. On rit, ici, comme on rit face aux petites et grandes tragédies humaines de notre époque. On rit de nos mimiques moralistes, de notre rejet de l’autre, de notre individualisme.

On rit, lorsqu’ au début du spectacle, on salue le courage du public parisien de s’être déplacé jusqu’ à Bobigny ! Bobigny qu’il a découvert de jour mais qu’il découvrira aussi de nuit, à l’issue du spectacle. On a ri lorsque l’on nous a demandé de nous prendre la main et de  répéter tous ensemble, une même phrase !

Après tout, n’était-ce pas là, l’affirmation d’une certaine foi en l’humanisme, seul remède pour réconcilier une société avec elle-même .


UNE IRREVERENCE QUI FAIT DU BIEN !

JUSQUE DANS VOS BRAS  De la Compagnie Les Chiens de Navarre, à la Maison de la Culture de Bobigny, Mise en scène de Jean-Christophe Meurisse , jusqu’au 29 avril.