Chronique: LA CLEF DE GAÏA au Théâtre des Mathurins

LA CLEF DE GAÏA  au Théâtre des Mathurins jusqu’au 31 mars. De et avec Lina Lamara et Pierre Delaup . Mise en scène Cristos Mitropoulos.

 

 » Entre le visible et ce qui est, il y a de longues histoires « 

 

Cette phrase qui ouvre le spectacle, sera aussi la dernière. D’abord ce fut un spectacle musical avant de devenir une vraie narration partagée, dans les versions antérieures. Présentée ici, dans sa dernière mise en scène, Lina Lamara, en compagnie du guitariste, Pierre Delaup, nous conte l’histoire de celle qu’on appelle Gaïa. Elle nous ouvre les portes de ses souvenirs avec sa mémé, Mouina.

 

Une invitation à la compréhension des autres

 

Sous une large tente berbère, GïÏa fait revivre les personnages de son enfance; sa grand-mère Mouima, sa mère, ses onze oncles et tantes qui viennent tous manger chez Mouima, le samedi et bien sûr, elle-même depuis l’âge de ses Cinq ans où elle rêvait déjà d’être chanteuse de Soul. Gaïa a grandi à Lyon avec deux cultures, celle de Mouima qui lui faisait du poisson pané avec du  » Ketchoup « , qui  l’emmenait au hammam, lieu privilégié des femmes. Entre Oum Kalthoum et James Brown, entre médina algérienne et la ville de Lyon, entre MacDo et la Tchoutchouka, s’élabore la richesse du métissage.

Plus Gaïa grandit et plus le passé de Mouima rejaillit. Gaïa devient une femme et alors, le passé de Mouina rejaillit avec le souvenir de ce  » jeune blond  » dont elle est tombée amoureuse avant d’épouser le grand-père de Gaïa avec qui elle ne connaîtra jamais de passion. Le souvenir est toujours là. Pour lutter contre tout, une orange car comme le dit Mouima :  » Avec une orange, tout s’arrange ».

 

La place centrale de la musique

 

Lina Lamara nous invite à un voyage immobile mais aussi à un voyage sensoriel, depuis son enfance, jusqu’à l’âge adulte, grâce à un texte plein d’émotion, de poésie, d’anecdotes et d’humour aussi. La musique n’est pas un simple accompagnement, elle a une place centrale dans ce spectacle. En effet, Pierre Delaup le guitariste, entretient un véritable dialogue musical avec Gaïa. Il transmet l’émotion, il répond par des accords aux questions de Lina / Gaïa.

La musique a aussi toute sa place puisque le rêve de Lina c’est de devenir chanteuse. Sa magnifique voix en arabe, en français ou en anglais vibrant sous cette tente berbère, nous émeut au plus profond de nous-mêmes.

 

Un jeu parfait

 

Une remarquable comédienne, qui fait revivre sa grand-mère sous nos yeux . Elle est tour à tour Gaïa et tous les personnages de son enfance. Sa générosité s’exprime par la clef qu’elle nous offre afin d’ouvrir le chemin de la tolérance et du partage.  » Autrefois, tout le monde vivait en paix à Jérusalem, chaque clef ouvrait la porte du voisin  » raconte-t-elle, au début de son spectacle. La clef de Gaia permet d’ouvrir la porte de l’espérance.

 » Quand les souvenirs des uns nourrissent les rêves des autres « 

 

Si  » avec une orange tout s’arrange  » avec un bon spectacle on prend conscience de la richesse des métissages culturels.


FONCEZ VOIR CE SPECTACLE RECONFORTANT , PLEIN D’ HUMANITE.

LA CLEF DE GAÏA  au Théâtre des Mathurins jusqu’au 31 mars. De et avec Lina Lamara et Pierre Delaup . Mise en scène Cristos Mitropoulos.