Chronique: AUDIENCE, VERNISSAGE au Théâtre Artistic-Athévains 9 février 2018 in Les chroniques de Tata Nicole AUDIENCE, VERNISSAGE au Théâtre Artistic-Athévains, jusqu’au 18mars. De Vaclav Havel, mise en scène Anne-Marie Lazarini. Vaclav Havel (1936-2011), à la fois connu comme homme politique ( il devint le président de la République Tchèque et Slovaque lors de la Révolution de velours en 1989, puis de La nouvelle République Tchèque indépendante) et comme dramaturge. Dyptique de la résistance Ecrites en 1975, l’action de ces deux pièces, Audience et Vernissage, se déroule dans les années 70 en Tchécoslovaquie, sous le régime communiste. Dans Audience, Ferdinand Vanek, auteur dramatique dissident, interdit de publication et double imaginaire de Vaclav Havel, travaille pour survivre dans une brasserie, bien qu’il déteste la bière. Son chef, Sladek, personnage veule et imbibé de bière, le convoque dans son bureau. Celui-là à la fois fasciné par l’entourage artistique de Vanek et enragé contre l’intellectuel, transforme cet entretien en interrogatoire au fur et à mesure que les bières s’entassent sur le bureau. Il lui propose cependant d’améliorer ses dures conditions de travail dans cette brasserie. Il découvre alors la proposition burlesque et absurde qu’il lui fait… Dans Vernissage, Ferdinand est invité chez des amis, pour « le vernissage » de la nouvelle collection de leur appartement. Il doit alors supporter la leçon de bonheur pour laquelle ces derniers l’ont invité. Avec tout leur faste de vanités, ils ne doutent pas de pouvoir le séduire. Comédiens parfaits dans leur rôle Cédric Colas qui incarne Ferdinand Vanek est excellent en intellectuel perdu d’abord devant la rusticité de son patron, puis devant le grotesque de ce couple de parvenus que campent Frédérique Lazarini et Marc Schapira. Ils sont irrésistibles et pathétiques quand elle a compris que l’étalage de son bonheur artificiel faisait fuir l’ami. Quant à Stéphane Fievet, à la fois grossier, ivrogne et envieux d’un monde où l’on fréquente des stars, et tremblant devant le pouvoir. » je suis le con qui prend des coups de pied au cul pour défendre vos principes… qu’est-ce que la vie me donne à moi ? » De plain-pied avec les protagonistes grâce à la mise en scène et la scénographie Par sa mise en scène, Anne-Marie Lazarini crée un univers étouffant, voire surréaliste. Pour ce faire, nous descendons dans le sous-sol de l’Artistic Théâtre où, pour la première pièce, Audience, nous sommes installés sur des caisses de bière renversées de la brasserie, face au bureau piteux du patron . Séparés par les vitres qui entourent le bureau, nous partageons cet entretien-interrogatoire. A peine, la première pièce terminée, le couple de Vernissage nous invite à nous asseoir sur les « canapés » de leur salon branché. Du même coup, on partage tout dans ce dispositif original, avec la superbe scénographie de François Cabanat, la lâcheté, la compromission, la trahison auxquelles amène la machine ignoble d’un pouvoir qui a gangréné la société. Les personnages que met en scène Vaclav Havel ne vivent pas, ils survivent ou ils font semblant de vivre. Ce constat pessimiste renforce la volonté de résistance du dissident. Même si ces deux pièces datent des années 70, le propos reste malheureusement actuel. » De nos jours, c’est chacun pour soi, tu le sais bien » dit le couple de Vernissage. Une pièce à voir car le propos est singulièrement actuel . La résistance est toujours d’époque. Réjouissant malgré la cruauté. AUDIENCE, VERNISSAGE au Théâtre Artistic-Athévains, jusqu’au 18mars. De Vaclav Havel, mise en scène Anne-Marie Lazarini.