LA LOI DES PRODIGES au Théâtre de la Tempête

LA LOI DES PRODIGES (ou la Réforme de François Goutard) , à la Cartoucherie de Vincennes, Théâtre de la Tempête, jusqu’au 13 mai. Ecriture et interprétation de François de Bauer.

 

François de Bauer, seul en scène sur un plateau nu, à l’exception d’une chaise, nous fait suivre l’épopée de Rémi Goutard de sa naissance, entre une mère frustrée et un père  » scénariste médiocre et schizophrène de génie  » selon son psy, jusqu’à l’âge adulte. Devenu député, Rémi Goutard entre en guerre contre l’Art et les artistes, secte improductive. En effet, sa seule obsession c’est de supprimer toute manifestation culturelle et d’annihiler les artistes pour les « réintégrer » dans une société qui les a trop longtemps entretenus dans cette marginalité.

 

Un seul en scène schizophrénique

 

François de Bauer cherche à comprendre les origines de cette haine tenace. Pour en trouver la source, il retrace donc le cours de la vie de Rémi Goutard, sous forme de cinq séquences de vie. Le comédien se transforme alors, en une vingtaine de personnages qu’il est capable de faire dialoguer entre eux.
Alors même que Rémi faisait son entrée dans la vie, le père était prêt à mettre fin à la sienne plutôt que d’épauler sa femme à la maternité, après avoir essuyé un nouvel échec de son scénario. Devenu jeune homme, la femme qu’il courtise, passionnée par l’Art contemporain, préfère admirer des tableaux plutôt que les maladroites avances de Rémi. Elle s’extasie devant des oeuvres qui, d’après  Rémi,  » sont plus difficiles à regarder qu’à peindre « , surtout une oeuvre qui représente un pot de yaourt géant. Le traumatisme originel trouve alors ses racines dans ce pot de yaourt. . En effet, enfant, Rémi a saccagé cette oeuvre que le peintre plasticien Régis Duflou, avait amené chez ses parents.
C’est là le noeud freudien . Régis Duflou, à l’origine de cette oeuvre, symbole de la lutte contre la société de consommation a terrorisé le pauvre Rémi et déclenché sa détestation pour tous les artistes.

 

Un rythme d’enfer

 

Depuis le gynécologue dialoguant avec sa mère en train d’accoucher, èlors que le père rencontre un producteur imbu de lui-même, il fait tous les personnages. Un présentateur télé obsédé par l’audimat et qui mène un débat politique entre Rémi Goutard, député extrémiste et le prétentieux Régis Duflou mais qui ? présente également un artiste roumain faisant du jonglage avec ses testicules car il faut faire de l’audimat. Il se démultiplie, chaque personnage est identifiable grâce à une mimique,, à un ton, à une posture. Bref on voit tous ces personnages en un seul et qui plus est, ils parlent entre eux. Des personnages tels des gimmiks, reviennent à intervalles réguliers comme Goutard mais aussi un clown… François Bauer passe de l’un à l’autre avec une aisance folle. Il est même capable de mimer des objets.

 

Utilité de l’art et des artistes

 

Tout en nous faisant rire, il fait émerger diverses questions parmi lesquelles les dérives de l’Art contemporain. Il évoque aussi ces artistes à l’ego surdimensionné qui se gargarisent de propos sibyllins ou se perdent dans des créations nébuleuses et vaines. Qu’est-ce qu’un artiste ? Quel rôle peut-il jouer dans la fabrication de l’opinion ? Faut-il parler de disparition de la pensée ? Il égratigne ces politiciens aux considérations purement budgétaires. Seule la dette occupe leurs pensées. L’audimat qui fait naître une surenchère médiatique et un abrutissement avec certains divertissements télé.

 

 

 

LA LOI DES PRODIGES (ou la Réforme de François Goutard) , à la Cartoucherie de Vincennes, Théâtre de la Tempête, jusqu’au 13 mai. Ecriture et interprétation de François de Bauer.