CONTES ET LÉGENDES au Théâtre des Bouffes du Nord

CONTES ET LÉGENDES. Conception, texte et mes JOËL POMMERAT, au Théâtre des Bouffes du Nord jusqu’au 10 octobre.

 

Le titre même de ce nouveau spectacle nous amène à penser qu’il ne s’agira pas d’une plongée dans le monde actuel et  pourtant , dès que le spectacle commence, nous sommes saisis par l’effet de vérité. En effet, sur le plateau surgissent des ados qui sont bien des ados d’aujourd’hui, dans leur tenue, leur dégaine et surtout dans leur manière syncopée de s’exprimer. Même l’exagération lexicale à nuance agressive s’impose immédiatement.
 

Un monde désensibilisé

D’abord deux garçons, une fille, puis d’autres ados les rejoindront et Pommerat parcourt alors le monde adolescent sous toutes ses latitudes. L’insouciance enfantine semble bien lointaine pour ces adolescents du XXIème siècle, déjà confrontés à des problèmes d’adultes.
A côté de ces ados, Pommerat place des robots ou plus exactement des « personnes artificielles » qui remplacent les adultes défaillants ou absents puisqu’ils confient leur progéniture à des androïdes qui assument le rôle éducatif. Grâce à ces « personnes artificielles » intégrées au quotidien, on peut observer ce qu’ils modifieraient ou révèleraient dans la manière dont les individus se construisent et se lient les uns aux autres.
Il y a quelque chose de l’ordre du combat pour tenter de se ressembler ou se 
différencier.
 

Comment vivre dans une société qui ne sait plus ce qu’aimer veut dire ?

 

Il ne s’agit pas d’un débat sur l’intelligence artificielle, mais de chercher la vérité du côté du faux. Comment vivre dans une société qui ne sait plus ce qu’aimer veut dire ? Face à des êtres de chair et d’os qui jouent avec des faux semblants, des « personnes artificielles » parés de vertus électroniques. Par là même, les cartes de l’humanité sont brouillées.
Pommerat ne dénonce pas, il nous donne à voir.
En une suite de brèves séquences enchaînées, ces ados nous disent tout de la difficulté de trouver une voie de salut par rapport à ses parents, aux autres et à soi. Diverses thématiques surgissent: le genre, l’homosexualité, l’identité, la fonction parentale. ?  » L’identité « artificiellement  humaine » serait-elle si fondamentalement différente de celle  » naturellement humaine ?  » se demande PommeratD’ailleurs dans cette cohabitation entre humains et androïdes, on retrouve un robot chanteur star adulé par ces ados en quête d’amour parce que dit l’un de ces ados «  Lui est plein d’intérêt pour moi « 
 

Un spectacle édifiant

 

Même si les situations sont graves, l’humour n’est pas absent de ce spectacle éblouissant. On ne peut que saluer le talent inouï de cette troupe de  neuf comédiennes qui incarnent à la perfection le monde adolescent, du comédien incarnant lui, le monde adulte et le travail exceptionnel dans la direction d’acteurs.
Un spectacle neuf avec des actrices d’une crédibilité rare qui nous embarquent jusqu’à la dernière seconde et dernière note de la chanson du robot chanteur.
 
A NE PAS RATER