JE NE SUIS PAS MICHEL BOUQUET , au THEÂTRE DE POCHE – MONTPARNASSE

JE NE SUIS PAS MICHEL BOUQUET , au THEÂTRE DE POCHE – MONTPARNASSE. Mise en scène de D. Bricoteaux, par Maxime d’ABOVILLE, jusqu’au 4 janvier 2020.

 

LES CONFIDENCES D’UN HOMME

 

Maxime d’Aboville a fait un montage bien pensé des Joueurs, entretiens que purent avoir Michel Bouquet et Charles Berling. Il ne conserve que les propos de Michel Bouquet.

On aurait pu s’attendre à une leçon de théâtre sur la pratique du comédien alors que nous sommes amenés à découvrir les confidences d’un homme qui cherche sa voie au sortir de la guerre. Après une enfance solitaire, il subit des années de pension où il a passé plus de temps au coin que sur les bancs de l’école qui d’ailleurs, confie-t-il, ne lui a rien appris. Un père qu’il qualifie d’absent parce que taiseux, rescapé mais brisé par la première guerre mondiale et qui sera emporté par la seconde. Une mère aimante qui l’emmenait à l’opéra et à la Comédie Française, le dimanche, après des heures de queue pour avoir des places pas chères. Pendant ces représentations, il fuyait la réalité opprimante.

 

UNE SECONDE NAISSANCE

 

Après différents emplois pour aider sa mère, il fait une visite impromptue chez  Michel Escade, comédien, ancien administrateur de la Comédie Française et professeur. Il a alors 17 ans, Michel Escade  lui a permis de naître une seconde fois en lui permettant de dire du Musset, sur le plateau d’Edouard VII, devant des élèves goguenards.  » Trois minutes qui m’ont fait naître » dira-t-il. La seconde rencontre déterminante sera celle d’Albert Camus qui lui confiera le rôle de Scipion, dans Caligula, aux côtés de Gérard Philippe. A partir de là, il ne quittera plus jamais les plateaux.

 

JE EST UN AUTRE SUR SCENE

 

Après avoir joué les plus grands auteurs, de Shakespeare à Ionesco, en passant par Molière, Anouilh, Beckett, Camus..Michel Bouquet nous donne une grande leçon d’humilité en découvrant sa conception d’un métier tout entier attaché au propos de l’auteur, au personnage à défendre, fut-il le pire salaud. Le théâtre est un art qui vous dépossède car c’ est un renoncement à soi. Ne pas atteindre ça, dit-il, ce serait la pire des choses « ce serait faire du Michel Bouquet ».  » De toutes façons, moi je n’existe pas » car le comédien n’est pas le personnage qu’il est chargé d’ interpréter.

 

UN INTERÊT SANS CESSE REITERE 

 

En effet, nous sommes captivés par le texte, par la sincérité de ce grand comédien, par certaines anecdotes très drôles concernant sa difficulté à appréhender les situations banales de la vie. La précision et la vivacité du jeu de Maxime d’Aboville permettent d’apprécier pleinement ce texte.

Maxime d’Aboville ne se prend pas pour Michel Bouquet, il s’efface pour mieux le sublimer grâce à une diction parfaite. Il illustre ainsi parfaitement  le credo du comédien :

« Rien d’autre que servir le texte »

 

Un spectacle remarquable à ne pas rater.

 

JE NE SUIS PAS MICHEL BOUQUET , au THEÂTRE DE POCHE – MONTPARNASSE. Mise en scène de D. Bricoteaux, par Maxime d’ABOVILLE, jusqu’au 4 janvier 2020.