Les 26 000 Couverts – A bien y réfléchir, et puisque vous soulevez la question…

A bien y réfléchir, et puisque vous soulevez la question, il faudra quand même trouver un titre un peu plus percutant par la compagnie 26000 couverts

 

UN WORK IN PROGRESS 

On ne présente plus les 26 000 Couverts, compagnie issue des arts de la rue et qui s’est fait une spécialité de ces performances à cheval entre réalité et fiction. Avec un titre aussi alambiqué, on peut d’ailleurs s’attendre à tout. Ici, il s’agit d’un spectacle à partir d’un vrai faux work in progress.
Le spectateur est censé se trouver face à une répétition publique. La chargée de communication du théâtre remercie d’ailleurs les spectateurs d’être aussi nombreux et présente les prochains rendez-vous de la saison avant d’ évoquer l’étape de travail de la compagnie qui a été accueillie en résidence, pendant deux semaines.

On y croit, ou alors ne serions-nous pas déjà lancés dans le spectacle ? La thématique retenue nous dit-on, c’est « l’absurdité risible de la mort ». D’ailleurs sur le plateau plane le fantôme du régisseur qui n’a pas réussi à valider ses 507 heures d’intermittence, avant son décès. Dans cet univers déjanté, tout est possible. Les acteurs personnages de cet imaginaire futur spectacle de rue qui, il ne faut pas l’oublier, a été répété sur une scène de théâtre, font alterner les scènes burlesques et parodiques. Ces dernières sont d’ailleurs agrémentées d’actions culturelles auprès du public, toutes plus savoureuses les unes que les autres.

LE THEATRE DANS LE THEATRE

Ce faux work in progress sera l’occasion pour la compagnie de se rire du théâtre, de son jargon, de ses rôles caricaturaux, de ses mises en scène ampoulées, de la place du metteur en scène mais aussi de la caricature que l’on peut mettre derrière le Théâtre de rue, avec la course au visuel grandiose – faire plus haut que Royal de Luxe. Sans oublier les subventions des partenaires.

Sous un aspect foutraque, tout est parfaitement maîtrisé. Le spectateur va de surprise en surprise, de fausse fin en fausse fin. Ils démontent ainsi l’art vivant et ceux qui le font, en jouant du vrai et du faux. Le quatrième mur n’existe plus, le public du même coup est emporté dans un tourbillon drôlatique par des comédiens faussement désinvoltes.

Chapeau les 26000 Couverts car ils OSENT, pour notre plus grand bonheur. C’est drôle, grinçant, sérieux, irrésistible. La mort ici déborde de vie !

Au théâtre Le Montfort  (15ème) jusqu’au 17 mars 2017 par la compagnie 26 000 Couverts, mise en scène de Philippe Nicolle, écriture collective.