Chronique: Amphitryon

AMPHITRYON de MOLIERE au Théâtre de Poche Montparnasse jusqu’au 31 décembre. Mise en scène : Stéphanie Tesson

Pour séduire Alcmène, épouse d’Amphitryon, le dieu Jupiter utilise un ingénieux stratagème en se présentant à elle sous les traits de son époux. Ce dernier étant parti guerroyer, Jupiter va pouvoir ainsi le cocufier, d’autant plus que Mercure a demandé à la reine de la nuit de ralentir sa course habituelle. Mercure, serviteur de Jupiter, a fait de même en empruntant les traits du valet Sosie.
Grâce à ce subterfuge, Jupiter va passer de délicieux moments auprès de celle qu’il convoitait.
Le vrai Sosie, envoyé par son maître pour prévenir son épouse de son retour, tombe sur son double et bat en retraite. Si bien que, lorsque le vrai Amphitryon regagne ses terres, pour venir rendre hommage à sa femme, il tombe sur une Alcmène au comble de la surprise, croyant avoir quitté son mari quelques instants plus tôt.

Un imbroglio truculent

Molière s’inspire de la pièce éponyme de Plaute pour écrire cette fable insolente et cruelle. Molière se moque des Dieux et des Hommes dans ce tourbillon de quiproquos. Il moque leur naïveté et leur crédulité devant ces dieux dont ils se font les serviteurs aveugles. Le trouble dans lequel sont plongés les personnages devient source d’amusement, à l’exception d’Alcmène, épouse désorientée.
La roublardise du dieu Jupiter, l’ingéniosité dont fait preuve Mercure, les revirements de Sosie ou encore l’effarement des soldats thébains, sont réjouissants et très drôles.

Sous la légèreté, une vraie réflexion

En effet, malgré sa puissance, Jupiter doit prendre les traits d’Amphitryon pour plaire à Alcmène. Lorsque la supercherie sera découverte, il devra renoncer à ses plaisirs. Certes, les hommes sont crédules dans leur allégeance aux divinités mais celles-ci ne peuvent éternellement prétendre être celles qu’ellesl ne sont pas.
De plus, le sentiment amoureux s’empare des Dieux comme des Hommes.

Une magnifique interprétation dans une subtile mise en scène

Une parfaite harmonie dans le jeu des comédiens. On est charmés par la maîtrise parfaite de la langue. Un vrai régal d’entendre Molière dans le texte. Tous les comédiens sont excellents, jouant sur le fil entre l’humour et le désarroi.
Christelle Riboul, superbe et drôle en reine de la nuit ou en Cléanthis. Odile Cohen, émouvante et tellement juste dans le rôle d’Alcmène
En ce qui me concerne, une mention spéciale pour J.P Bordes, Amphitryon, tellement drôle et attachant et, bien sûr, magnifique Nicolas Vaude en sosie.
La mise en scène joue sur le mystère grâce au rideau de fond de scène ou aux voiles dans lesquels les personnages apparaissent et disparaissent.
Comme le dit Sosie :  » Sur Telles affaires toujours
Le meilleur est de ne rien dire. »
Vous l’aurez compris, il faut aller voir cette pièce !!!!